C’est quoi un Te Deum au juste ?
C’est une prière datant du 4e siècle, qui m’a beaucoup ému. Ce texte, qui a été mis en musique par de nombreux compositeurs à travers les siècles, est rempli de force et de beauté. Il conclut une louange passionnée par le constat de notre fragilité : « Dieu, tu es notre espérance, ne nous laisse pas tomber ». La juxtaposition de ces deux constats, la grandeur de Dieu et ma petitesse, me parlent personnellement. J’espère que d’autres s’y retrouveront.
Comment est né ce nouveau projet ?
Voici deux ans, lors d’une retraite spirituelle, quelqu’un m’a demandé : « Que regretterais-tu de ne jamais avoir fait avant la fin de ta carrière ? » Tout de suite, j’ai répondu: « un Te Deum« . C’était un projet qui mûrissait depuis un certain temps et que je remettais à « plus tard ». Pendant la nuit, je me suis réveillé avec les premiers accords déroutants dans ma tête. Le lendemain matin, je m’y suis lancé.
Parle-nous du style musical.

Difficile à classer. Sur le plan vocal, il y a un chœur classique, associé à deux ensembles jazz-gospel chantant en anglais et en français. Pour le chœur classique, j’utilise le latin (langue d’origine du texte) pour évoquer le passé, afin de créer une trame sur laquelle poser les deux ensembles vocaux : n’ayez pas peur, tout est chanté aussi en français ! Le tout interagit, se complète, se fait écho. Pour moi, c’est une histoire de réconciliation – de styles, de traditions, d’histoire et de modernité. Pour ceux qui connaissent Credo, je dirais que c’est dans la lignée de cette œuvre-là. Mais avec le Te Deum j’ai poussé le bouchon un peu plus loin stylistiquement en accentuant les résonances plus jazzy – dans une production trilingue cette fois !
Je suppose que tu n’as pas travaillé tout seul ?
Oui et non. Pour l’écriture, c’est bien sûr l’affaire du compositeur. Je me suis éclaté dans la mise en musique, le travail des trois langues, la composition et surtout l’harmonisation assez osée parfois. Mais ensuite, avant de passer en studio, il y a eu un temps de collaboration sur les arrangements instrumentaux avec Dave Leonard Cooke comme d’hab. C’est la continuité logique de nos productions ensemble depuis presque trente ans, même si ce CD représente le projet où je me suis lâché complètement !
Et les musiciens ?
Curieusement il a fallu rester assez minimaliste, vue la densité vocale des trois ensembles réunis. On a opté pour le piano, une contrebasse, un saxo, et des percus – le tout interprété par des pointures, à retrouver chez Ronnie Scott’s à Londres, par exemple.
Où et comment l’as-tu enregistré ?
La prise de son a exigé un procédé assez long qui nous a amenés dans plusieurs studios – majoritairement en Grande-Bretagne – à Londres et aussi dans le célèbre Real World Studio de Peter Gabriel près de Bath : un vrai régal. Toute la production de A à Z a duré deux ans. J’en suis très content même si c’était très coûteux sur plusieurs plans. L’image du vase d’albâtre me vient à l’esprit.
Qui a chanté pour l’enregistrement ?
Un chœur classique, la Bath Camerata, primé par la BBC, des membres des Swingle Singers et de Get Gospel, ainsi que Myra-Maud, Jean-Michel Beaubrun, et Hannah & Matthew Featherstone. C’est Matthew (flûte solo à l’orchestre BBC NOW, beat-boxer et chanteur gospel à ses heures perdues) qui nous a mis en lien avec ses collègues chanteurs et musiciens anglais. C’est en faisant des recherches sur internet que mon épouse, Mary, a découvert la Bath Camerata. Le chef de chœur et toute l’équipe ont été enthousiastes d’enregistrer avec nous, de chanter lors de la première en GB.
La première a donc eu lieu en GB ? Comment s’est-elle passé ?
Super bien ! C’était à Sevenoaks, ville dont nous sommes originaires. Le concert faisait partie de la programmation du Sevenoaks Festival. Nous avons chanté devant une salle comble, ovationnés par un public hétéroclite en âge et en arrière-plan. L’effectif sur scène était majoritairement composé de ceux qui avaient enregistré le Te Deum. Maintenant, nous préparons la première française à Paris.
Tu gardes le même effectif pour le concert du 14 octobre ?

De ce côté de la Manche, il est logique de franciser un peu plus l’équipe, tout en gardant un bon nombre de chanteurs, dont la Bath Camerata qui vient d’Angleterre pour y participer. Parmi les chanteurs, nous accueillerons Jean-Marc Lerigab, les trois autres voix françaises sont celles de Hannah et Matthew de Laurence Mattiazzi de So Gospel. Un vieil ami (chef de chœur gospel) Olivier Cline vient intégrer le quatuor anglophone. Parmi les musiciens, on va reconnaître Alexia Rabé au piano, Benjamin Sick aux percus, Matthieu Baud à la contrebasse et Uwe Steinmetz au sax.
Est-ce que ce sera un concert unique ou d’autres sont-ils prévus ?
Un concert avec un effectif pareil ne peut malheureusement pas se produire tous les jours ! Nous avons décidé de tout miser sur ce soir-là. Qui sait, cela se refera-t-il à Strasbourg ? A Lyon ? Il y a des pistes, mais rien n’est garanti. D’ici là, les concerts en solo, plus abordables pour les communautés locales, restent disponibles ! Alors, venez au Te Deum, si vous pouvez… Notre constat, lors de la première à Sevenoaks, c’est que tout le monde y trouve son bonheur. C’était la fête ! Les réservations sont ouvertes sur notre site via https://www.billetweb.fr/te-deum. Ne tardez pas trop…
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Si on ne peut pas venir au concert, comment se procurer le CD ?
Le CD est en vente chez Paul & Séphora. Les ventes sur les plateformes numériques ouvriront par la suite.
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Dernière question : as-tu déjà d’autres projet en cours?
Pour l’instant ne m’en parle pas ! Ce serait trop risqué, qui sait, cette nuit… ?!