Le chant « Yahwé » et sa mélodie entêtante, c’est lui. « Eveille-toi, mon âme », « Fort et puissant », c’est lui aussi. Samuel Olivier est l’un des fondateurs du Collectif Cieux Ouverts. A l’occasion de la sortie du nouvel album « Abba Père », il parle du groupe, d’inspiration, de vie chrétienne, d’unité, … et aussi de son bébé… Rencontre.
Qui est le Collectif Cieux Ouverts ? Comment est-il constitué ?
C’est une structure en mouvement. De 2008 à 2011, mon église à Paris était engagée dans les conférences œcuméniques « Embrase nos cœurs ». Alors tous les ans je devais constituer une équipe constituée de personnes de différentes églises et sensibilités. C’est là que j’ai commencé à travailler avec Jonathan et Eliza Valbon, avec qui nous dirigeons le Collectif aujourd’hui avec mon épouse. On a commencé à être invités, et on constituait une équipe sur le tas à chaque invitation. Mais on nous appelait encore le groupe « Embrase nos cœurs », alors que nous n’étions pas les organisateurs de cette conférence, et même après que la conférence cesse ! En 2014, on a décidé d’enregistrer un album, il nous a fallu un nom. Le mot « Collectif » a permis de donner l’idée d’une structure ouverte composée d’artistes très différents. Et l’expression « Cieux ouverts » nous parle plutôt de ce que Jésus a accompli : cette possibilité de vivre cette relation sans obstacle avec Dieu. On est toujours surpris de voir des gens de toutes générations venir à nos soirées, des enfants aux grands-parents. Niveau style, on a voulu être le plus rassembleurs possible, pour ne pas mettre des gens de côté juste pour une histoire de style musical.
Reprises, traductions, compositions : que trouve-t-on sur le nouvel album ?
Depuis le début, on a aimé proposer des compositions françaises de qualité. On croit qu’il y a quelque chose de spécifique quand on offre des choses écrites dans notre langue. L’album rassemble donc 10 compos et 3 reprises (de Bethel et Matt Redman). J’ai essayé à une époque de traduire des chants anglophones, mais je trouve le processus de traduction assez ingrat et très compliqué. Une chanson ne se traduit pas comme un manuel d’utilisation d’un micro-ondes. Il faut tenir compte de la forme, de la manière dont les mots coulent dans la bouche, de ce à quoi les mots font référence dans notre culture. Ça demande de connaître les références culturelles dans la langue d’origine, pour en transcrire le sens dans notre culture. Ce n’est pas juste ouvrir un dictionnaire et traduire mot pour mot ! Parfois, pour un mot en anglais, tu as 15 mots possibles en français, chacun avec sa nuance, et il faut alors rechercher la pensée d’origine, tout en veillant à la musicalité de la langue. Quand Ruben Saillens avait traduit les cantiques du recueil des Ailes de la foi, il s’est parfois simplement inspiré des chants d’origine, pour complètement les réécrire, avec poésie, rimes, portée… c’est plus un travail d’auteur-compositeur que de traducteur !
On est parfois trop habitués à certaines formulations, alors j’essaye de trouver des choses qui vont questionner les gens, des associations de mots avec une imagerie dont on n’a pas l’habitude : « ouragan de tendresse », « volcan de compassion », … Les chants écrits dans les années 1990, correspondaient à cette époque, pourtant pas si lointaine. Mais pour aujourd’hui, je me pose la question de savoir comment je transmets dans la culture d’aujourd’hui, avec des images et des manières de parler d’aujourd’hui. Pas d’il y a 20 ans ou 100 ans. C’est un vrai défi !
Comment te vient l’inspiration ?
Je peux déjà te dire comment elle ne vient pas ! (Rires) Le côté « je prends un stylo, j’écris et je ne retouche pas », ça ne marche pas ! Créer est un vrai travail ! On peut s’améliorer en le faisant ! Au fur et à mesure des années, j’ai appris à repérer les moments où je suis plus créatif. Quand je conduis un chant de louange, je laisse parfois place à la spontanéité. Je laisse s’échapper des versets à la volée, avec des mélodies inventés sur le moment. Et parfois, ces moments sont de bonnes pistes de départ pour une nouvelle création, un peu comme un chat qui tire une pelote de laine. Alors je commence à écrire une chanson, je déroule la pelote en essayant de m’en tenir au « pitch » de départ : ce pitch, c’est ce qui fait la spécificité de la chanson, pourquoi elle est unique. Parfois, c’est facile ; d’autres fois, on galère un peu…
L’unité catholiques / protestants / évangéliques : qu’est-ce que ça signifie ? Comment la vis-tu ? L’unité peut-elle être parfaite ?
L’unité sera parfaite le jour où on sera tous réunis autour de Jésus, le jour où toutes nos barrières seront résolues en Christ. Aujourd’hui, le but n’est pas d’aplanir toutes les différences et d’être tous pareil ! Quand je suis arrivé à Paris à 23 ans, j’étais plutôt craintif vis-à-vis de ce qui était différent de moi. Les catholiques n’étaient pas mes frères. Et le Seigneur m’a pris par surprise : j’ai découvert que ma manière d’être en relation avec Dieu n’était pas la seule qui existe ! J’ai découvert des conceptions très différentes de la mienne, dont certaines avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Cela nous amène à questionner notre propre héritage culturel : pourquoi je fais comme ça, pourquoi je crois ça, pourquoi je suis qui je suis. On interroge la Bible et son histoire… et toutes ces différences deviennent alors sources de richesse ! La prière de Jésus en Jean 17 me parle particulièrement : Jésus n’est pas venu chercher plusieurs Eglises, mais une seule. Même si elle a plusieurs facettes !
Je m’entretiens beaucoup avec Dieu, je lui ai demandé parfois « Mais pourquoi tu supportes ces gens-là ? ». Et lui m’a répondu : « C’est mon Eglise, pas la tienne ! Occupe-toi d’aimer les gens plutôt que de les changer. Ça, c’est mon affaire ! »
Les auditeurs du Collectif aussi ont des horizons très différents, mais tant qu’on reste sur ce qui nous rassemble – la personne du Christ – les choses se passent généralement très bien et tout le monde y trouve son compte. Moi, évangélique, je reçois de belles leçons de la part de catholiques, notamment sur la manière d’incarner l’amour pour Dieu dans l’amour des autres, et notamment des plus petits, des plus pauvres, des rejetés… Quelle richesse !
Si tu devais résumer la vie chrétienne en une phrase ?
(Rires) C’est comme si tu me demandais le sens de la vie en une minute ! Alors… je dirais que la vie chrétienne, c’est apprendre en premier à être aimé de Dieu, et en second à l’aimer. C’est cette dimension relationnelle très forte. Recevoir son amour, ce qui est loin d’être aussi simple qu’on imagine. Et comment au travers de ma vie humaine, je vais aimer Dieu. Ma vie va alors devenir une lettre d’amour au travers de ce que je vais décider d’en faire. Selon les personnes et les moments, ça va prendre des formes très différentes. Et puis aimer les autres.
Aimer Dieu, nous laisser aimer par Dieu, aimer les autres : c’est un programme suffisant pour nous occuper une vie !
Tu seras Papa dans quelques jours…
J’ai 35 ans, je suis marié depuis 3 ans avec Elise. Elle est la plus belle chose qui me soit arrivée sur terre. Notre bébé doit naître ces jours-ci… ça me ravit particulièrement !
J’ai fait ma première démarche avec Dieu à 8 ans. J’ai continué à grandir, dans l’église et avec Dieu, mais avec beaucoup de culpabilité, de condamnation. A 25 ans, j’ai fait une découverte qui a bouleversé ma vie : j’ai compris que Dieu m’aimait comme un père, et j’ai commencé à vivre son amour de père « de l’intérieur ». Mon cœur s’est senti adopté. J’ai trouvé ma place dans le monde quand j’ai réalisé que c’est Dieu qui avait voulu que j’y sois. Alors j’aimerais que mon fils puisse découvrir cette relation vivante au quotidien avec Dieu, ni religieuse, ni obligatoire, dès son plus jeune âge.
Ton passage biblique préféré ? Pourquoi ?
Depuis l’âge de 14 ans, j’aime beaucoup lire. Avec la Bible, j’ai réalisé qu’il y avait quelqu’un en face, une autre personne qui interagissait avec moi à travers le texte, qui discutait pendant que je lisais. En ce moment : c’est le 1er chapitre de la Lettre aux Ephésiens qui me parle. C’est une sorte de carte d’identité spirituelle. En particulier, les versets 4 et 5 montrent qu’avant même que le monde soit créé, Dieu avait choisi de nous adopter en prenant en compte la possibilité du péché. C’est ce qu’on a retranscrit dans le chant « Abba Père ». Il décrit comment, bien avant la création du monde, et bien avant la croix, Dieu avait cette pensée qu’un jour je serais sur terre et qu’il aurait une relation d’amour avec moi. C’est incroyable quand on y pense !
Commander le nouvel album « Abba Père »

Pour aller plus loin


©Photos: AurelPhotog et VincebellecPhotos